Un vol moyen ou long courrier, des rendez-vous dès l’arrivée, le challenge s’impose : il faut dormir dans l’avion ! Entre les voisins surexcités par la perspective de leurs vacances et les commentaires du commandant de bord, il s’agit de s’organiser pour arriver à tomber dans les bras de Morphée à 10 000 mètres. Un vrai challenge.
Il faut s'équiper pour bien dormir en avion
Bienheureux les passagers de la business, ils auront au moins la certitude d’un fauteuil qui s’allonge et d’une petite trousse d’accessoires de base. Bien pratique, mais insuffisant pour garantir le sommeil : le voisin peut toujours faire une conversation bruyante, étendre les bras et vous bousculer ou encore l’hôtesse agiter ses plateaux. Et quoique les compagnies améliorent sans cesse leurs services, il existe encore des business avec trois places de front, malheur donc au passager du milieu. La meilleure solution pour améliorer la qualité de son sommeil, c’est donc, quelle que soit la classe, de choisir sa place dans l’avion ! La plupart des grandes compagnies proposent de s’enregistrer en ligne, ce qui permet de s’y prendre 48 heures à l’avance. A vous les places éloignées du va et vient des toilettes ou des bruits des préparations de repas, les deux sources majeurs de bruits intempestifs et de mouvements gênants. La place idéale se situe le long du hublot, car elle permet de se caler et de s’isoler, à la limite de se faire oublier. De quoi glisser tranquillement dans le sommeil, du moins si l’on est bien équipé.
Les accessoires du sommeil
L'avion, souvent inconfortable Tant pis pour la surcharge du bagage à main, le candidat au sommeil doit être bien équipé. Rien de bien lourd d’ailleurs : un masque, un tour de cou et des bouchons d’oreilles s’imposent. Pour faire le silence autour de vous, mais aussi informer clairement vos voisins et l’hôtesse de votre envie d’en profiter. Le hublot fermé, le masque évite la lumière de la cabine mais aussi celle de l’écran quand un film est projeté. Le cale-nuque peut être remplacé par un pull, l’essentiel est de se sentir bien bloqué. Ne pas hésiter à demander très tôt une couverture à l’hôtesse, car l’air conditionné rend l’atmosphère toujours fraîche, et il n’y en a pas toujours suffisamment. Premier arrivé, premier servi ! Petit secret de bon dormeur : desserrer la ceinture mais aussi se déchausser, pour diminuer la pression du sang par les lacets. Sur les longs courriers, les bas de contention s’avèrent confortables en vol comme à l’atterrissage, permettant de ne pas se sentir gonflé et boudiné. Les hommes n’ont pas à en rougir : les bas sont en fait des chaussettes renforcées qui ne déparent pas sous le costume !
Pour s’isoler, les bouchons d’oreilles sont un must mais tout le monde ne les apprécient pas, en particulier les passagers sujets aux acouphènes car le silence artificiel met en relief les bruits de l’intérieur de l’oreille. Le casque distribué dans l’appareil peut être une solution : réglé sur la chaîne jazz ou classique, la musique berce tranquillement et couvre à la fois les bruits de l’avion et les conversations. Le MP3 personnel pourra le remplacer avantageusement, mais le comble du luxe réside dans le casque réducteur de bruit. Les fabricants de casque se sont en effet concentrés ces dernières années sur l’élimination des basses fréquences que produisent les vrombissements et les roulements. Le port du casque permet ainsi d’écouter un monde du silence ou le murmure choisi de la musique, car les notes gagnent en clarté sans avoir à monter le niveau du son. Sennheiser, Sony ou Boze, les fournisseurs se multiplient à prix plus accessibles (entre 100 et 150 € environ). Si le voyageur veut faire une pause dans sa sieste, Philips a intégré dans ses modèles une touche « mute » qui permet d’écouter l’hôtesse détaillant le menu.
Les faux amis du dormeur
Bouchons d'oreilles, masque et chaussettes : la trilogie du repos ! S’assommer à l’alcool avant de monter dans l’avion, c’est ce que croient pouvoir faire font bon nombre de passagers dans la perspective de dormir en cuvant. Une solution peut recommandable, à la fois pour la santé et le confort. L’assèchement de l’air des cabines rend la solution inconfortable, et d’autant plus pour avoir l’esprit frais en arrivant. En fait l’alcool déstructure le sommeil en assommant, et rend l’endormissement à l’arrivée difficile, quel que soit le sens du vol. En revanche les médecins n’ont souvent rien contre les hypnotiques de courte vie, type Stilnox, s’ils sont consommés avec modération. Ils ont le défaut de ne pas permettre de récupération, mais ont l’avantage de mettre le passager sur « off ». Autrement dit, le temps passe plus vite mais le sommeil ne fournit pas vraiment de repos. A chacun d’apprécier les bénéfices. Les sujets au mal de l’air apprécieront un petit « Mercalm » qui, outre le fait de mieux faire passer les trous d’air, entraîne une somnolence chez beaucoup d’utilisateurs, sans effets secondaires. La dernière solution reste d’attaquer Proust en version anglaise ou encore le podcast d’une émission de 4 heures de France Culture sur le renouveau de l’art sino-cambodgien dans la fabrication des aquarelles au XVIIème siècle. Peut-être un peu radical, mais efficace…chez la plupart des voyageurs.
Pas de miracle mais une recherche de confort, l’avion offre la possibilité de jouer la récupération après une journée bousculée ou d’opter pour une petite sieste avant une journée chargée. Le simple fait de poser la tête sur l’oreiller en fermant les yeux et en respirant à fond permet déjà de se détendre et de récupérer en se laissant aller à la rêverie. De nombreux grands voyageurs apprécient ainsi la parenthèse que le vol constitue, sans pression du téléphone ou du mail. Pour garantir sa tranquillité, ne pas oublier d’attacher sa ceinture sur la couverture, pour que l’équipage puisse vérifier sans vous déranger lorsque le signal « Attachez vos ceintures » s’allume. Ces derniers temps, il y a une petite consolation à la crise économique :, les passagers se font moins nombreux dans les avions, y compris dans les classes éco, et singulièrement entre les Etats-Unis et la France. De quoi rêver à une place libre à ses côtés, histoire de mieux s’allonger pour une courte nuit.
Hélène Retout
5 conseils pour dormir à bord
● Choisir sa place en ligne, pour mieux s’installer
● Prévoir un kit de survie : chaussettes, masque, bouchon d’oreilles, tour de cou gonflable. Et un pull-over !
● Oublier l’alcool, qui assomme mais empêche les idées claires et perturbe le sommeil à l’arrivée.
● Eviter les excitants comme le sport ou le café quelques heures avant d’embarquer.
● Pratiquer le « lâcher prise » en n’essayant pas de lister ce qui est à faire dans le travail mais en se laissant aller à la rêverie… sans mauvaise conscience.
En savoir plus
« Bien dormir, enfin ! », de Damien Léger, éditions First, 4,90 euros. Un guide pas cher pour apprendre à bien connaître ses propres phases de sommeil et à les respecter. Utile bien au-delà de l’avion !
(Déplacements pros)
